Dans ma vie, il y a Jean, et il y a aussi Bobby.
Bobby est plus petit que Jean.
Il n’y a pas de “Bob pour les
intimes”, ce n’est pas un surnom,
c’est son nom avec toutes ses
lettres. Il est entier Bobby.
Il fait partie des meubles,
Bobby. Il est souvent posé sur la commode, Bobby.
Je l’oublie, Bobby.
Il ne se fait pas remarquer. Il
est là sans être là.
Et c’est tout ce que je lui
demande.
Il a cette importance,
d’accompagner les heures, sans compter.
Il est l’utile de toutes les
femmes.
Il rentre dans l’inventaire de
tous les sacs à main. Et il s’y perd.
Et même Jeremy Irons, au début
du film d’Adrian Lyne, s’accroche à cet objet ayant été des mèches de Lolita,
comme à une relique, témoin des diminutifs et des miroirs d’une féminité.
Il tient à moi, Bobby. Il est
tenace.
Il sait être de fer, Bobby.
Il se fait discret, mais si je
m’y prend mal, si je le blesse, il se détache de moi, sans prévenir, mais sans
nonchalance, catégorique.
Je tourne la tête et son escorte
a disparue.
Et pourtant, sans lui, c’est mal
foutu.
Sans sa tutelle, j’ai les
cheveux entêtés.
J’ai les cheveux qui s’en
mêlent. Quand Bobby m’a lâchée.
Alors Jean vide ses poches, et
en sort un autre Bobby.
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