Nos vêtements à manches courtes
dépriment. C’est un de
mes chemisiers qui me l’a dit,
cette semaine.
Ils sont entassés depuis des
mois sans croire que le jour existe encore.
Ils ont pris de mauvais plis.
Ils ont pris une odeur immobile.
Ils ont le cafard. Ils se
sentent vides. Ils font une dépression saisonnière.
Au moins, ils se tiennent chaud,
à se coller les uns aux autres.
Ils se serrent les coudes.
Comme les bêtes des étables
espérant ensemble et chacune les pâturages, ils ont envie d’aller dehors pour
s’ébattre.
Le printemps est dans le même
cas et s’impatiente d’attendre son tour.
(Nous aussi, que ce soit dit en
passant).
Pour raviver les couleurs d’un
tapis il faut le poser sur la neige ;
Pour réveiller le moral d’un
habit d’été en plein hiver, il faut le sortir, quitte à ce qu’il rentre transi.
Il faut lui faire faire une
ballade, pour qu’il prenne l’air, pour qu’il ait la mine regonflée.
Il faut lui faire voir que le
ciel de maintenant a beau être un peu Klein dans les coins, ce n’est encore pas
le bon bleu, le clément.
En pratique : je mets des
robes légères sur des collants et sous un gros pull et sous un manteau
colossal. Je mets des blouses sous de gros gilets. Je mets des sandales avec
des chaussettes.
Je veille à ne pas prendre froid
pour autant, car il ne s’agit pas là de sacrifice.
Je les berce d’illusions, pour
qu’ils ne soient pas rancuniers au moment décisif.
Le contraire (porter les
matières qui tiennent chaud, en canicule) ce sera moins aisé, il faudra bavarder.
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