Mon enfance s’est vécue avec des
cheveux courts.
Sans pour autant être un garçon
manqué. Ma mère me les coupait.
Je n’ai jamais connu les deux
tresses de Duras, ni la queue de cheval des bambins des années 90. Il n’y a pas
de chouchous dans mes malles au grenier.
C’était un carré d’une Louise
Brooks, et une frange qui séparait mon front en deux.
Lorsqu’il a fallu se révolter un
peu, à l’âge où c’est ce que l’on attend des adolescents, j’ai laissé pousser.
C’était ma frontière à dépasser.
L’insurrection capillaire a duré
quelques années.
Des années qui croyaient que la
féminité se jouait quelque part par là, entre le cou et l’oreille. Mais des
années qui n’en étaient pas convaincues.
Qui vivaient la longueur comme
une entrave, comme une chose encombrante, et qui l’attachait sans relâche.
Ce récent printemps, je les ai
recoupés. Retrouvant la nuque évadée de tout poids, la nuque délibérément
libre.
Il semblerait, que l’identité,
s’amarre toujours à notre source.
Que lorsque l’on reconnaît de
soi une chose de notre première décennie, dans le présent, on la sait
catégoriquement authentique. Et on lui ouvre les bras. Ici il s’agit d’une
nuque.
Une nuque qui a grandi. Une
nuque devenue femme, une nuque fragile car décolletée.
La féminité ne se joue pas à un
cheveu. Si c’était le cas, comme les chats qui se cognent aux murs lorsqu’on
leur raccourci les moustaches, si cela résidait dans ces 30cm, dans ces mèches
tombées sous le coup des ciseaux, il faudrait les ramasser et les encenser, les
prier de restituer leur contenu.
Même si les hommes ont beau
crier qu’ils les préfèrent en lianes,
si on fait les comptes, ils n’en
savent rien.
Au pire cela repousse.
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