D’ici un mois, on va toucher le
printemps.
On aura été patients, comme
chaque hiver de chaque année.
(On aura été impatients, comme
chaque hiver de chaque année).
D’ici un mois on va remuer les
armoires.
D’ici un mois, le ciel n’aura
pas la même couleur.
D’ici un mois nos corps en
seront différents.
D’ici ce mois, les giboulées
vont gibouler, et on va grelotter de guerre lasse.
Et parfois, il se trouve que
l’on trouve juste à cette lisière entre deux saisons décisives, une chose
admirable et de fond, mais expressément faite pour ce froid qui s’achève devant
nous.
Et on regarde le temps qui nous
reste pour pouvoir la porter, pas un longtemps, d’ultimes jours de grand Nord
qui d’un seul coup nous manquent.
Mais cela donne une raison
d’accepter par avance le prochain frimas, celui qui reviendra après la rentrée
des classes.
C’est à dire qu’on le craint
moins, et presque on l’espère, on le voit comme un prétexte à sortir cet habit
pas assez étrenné, pas assez entraîné.
Et c’est ici mon cas. Le manteau
Chimayo, je l’ai trouvé enfin, et nous
sommes réunis depuis trois jours.
Et je scrute ce Mars qui
commence et qui déjà s’emballe, et qui déjà s’égraine, et je regarde mon
pardessus en ne voulant imaginer un pas sans lui.
Il va falloir m’y résoudre,
d’ici un mois.
D’ici là, on ne se quitte pas
d’un fil.
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