Les gants se perdent.
Ils s’échappent, ça donne des
esseulés errants dans les rues (cruelles visions de duos séparés).
Mais ce que je veux dire, c’est
que l’usage des gants se perd.
Demeurent les tristes en laine
que nous avions déjà enfant, qui peluchent qui boulochent, que l’on achète pour
rien dans toutes les boutiques de souvenirs, et dont on ne se souvient pas.
Mais les beaux gants
disparaissent petit à petit de l’horizon des corps et de leurs choses.
(Les cyclistes. Les longs du
soir. Et ceux de tous les jours qui s’arrêtent là où le poignet naît).
Ceux à notre taille de gantier,
ceux qui donnent tout son sens au verbe se ganter, et surtout se déganter.
Certes, les téléphones sont désormais
tactiles, et ne répondent plus au doigt et à l’œil d’une paire de gants.
Mais ce jusqu’au-boutisme, ce
jusqu’au bout des ongles, devrait il aller à découvert, par commodité des
communications ?
Un gant à ôter, c’était un temps
pris pour serrer une main, cela faisait durer le regard.
C’était un geste plein de sous
entendus.
Et voilà que, à cause de la
technologie, nos mains se retrouvent gelées, déshabillées, enrhumées.
Et que le geste s’en va, avec le
verbe.
Et que les poignées de
présentations se font à la va vite. Et que tout se fait à mains nues.
Rhabillons nos paumes, pour ne
pas les paumer.
(J’ai chiné ceux là, il y a
quelques mois. Leur couleur faisait arriver le printemps en avance.
Et lorsque j’ai vu la collection
Balenciaga été 2015, je me suis applaudie de ce flair).
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