Il y a cet instinct animal,
l’instinct grégaire, de se rassembler en meute,
dans les mêmes lieux, autour des
mêmes feux.
Et ce même instinct nous pousse
à nous ressembler en meute.
À ressembler à la meute.
À être une ribambelle qui se
répète.
Il semblerait que cela rassure,
de ne pas faire trembler l’eau pour ne pas faire naître des vagues.
Il semblerait que cela tient
chaud, d’être comme les oiseaux sur un même arbre, un même poteau, comparant
leurs identiques plumes.
C’est sans risque, de ne pas
être différencié.
De ne pas avoir à se justifier
de ce que l’on porte.
Il ne s’agit pas d’être un
original. Il ne s’agit pas de vouloir à tous les prix se dépareiller pour faire
froncer des sourcils.
Mais de ne pas craindre de
détonner. De ne pas craindre de se revendiquer.
Il y a ces photos, d’Audrey
Hepburn, et Marilyn, et BB.
Je les regarde souvent et je me
dis : ce sont elles, mais avant elles.
Avant de devenir Audrey Hepburn,
et Marilyn, et BB.
Avant de se choisir. Avant de
sortir du rang.
Ce sont elles avec leur
jeunesse, et leurs maladresses, et leur encombrement d’elles-mêmes, et leur
ignorance d’elles mêmes.
Ce sont elles à la veille de
leurs demains ; puis elles se sont émancipées des codes qu’elles
connaissaient.
L’une a coupé ses cheveux, quand
l’autre les a blondi, quand l’autre a souri avec assurance.
Elles ont cessé de s’attrouper,
pour devenir celles qui seraient copiées.
Ce sont elles, adorables et un
peu tartes.
Ce qui assure que l’on peut se
souhaiter, que l’on peut s’inventer, et être hors contexte.
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