Hier, ma mer a fait cette photo.
J’étais au pied de cet arbre qui
m’a vue grandir.
J’étais allée dire bonjour à la
tortue qui m’a vue naître, et qui s’est réveillée de son hibernation depuis une
semaine tout juste, mais qui est encore dans l’humeur « je ne suis pas du
matin ».
Je marchais dans ce jardin.
Je n’avais aucune tête de
circonstance.
J’avais la plénitude d’un
dimanche qui se repose, et qui renoue avec les actions d’une maison familiale.
Et cette photo, faite par le
parent qui veille de loin l’enfant qui joue et qui l’oublie, rend compte d’une
part de moi que je connais mal.
Celle qui émerge quand on me
capture sur le vif.
Et que même le miroir de la
salle de bain, l’intime, le receveur de nos grimaces et de certaines larmes qui
se complaisent, ne connaît pas du tout.
Car ce miroir nous attend, et
sait que pour le rencontrer nous aurons, avant de rentrer dans sa pièce,
préparé notre façade, celle que nous croyons vouloir voir.
Et face à un objectif, souvent,
nous résistons pareil, pour retrouver dans l’image qui est prise, ce connu de
la glace.
Et on se fige. Et on se tend.
Or, je crois, je crois que c’est
le mouvement qui parvient à capter notre profond visage.
L’attention que l’on peut porter
à ce visage, disparaît lorsque le mouvement bouge.
Car alors, lorsque nous
marchons, lorsque nous rions, nous omettons de nous surveiller.
Le mouvement nous en déconcentre.
Le mouvement nous en dissuade.
Le mouvement nous fait déborder.
Et nous oublions l’ego à ne
vouloir qu’être beau.
Et l’on découvre alors ce visage
abandonné, ou plutôt offert, ce contrôle de soi qui s’est absenté.
Le visage de l’enfant, celui
sans défense et qui ne cherche pas à plaire.
Le vrai visage, un peu flou peut
être, mais échappé de sa cage.
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