On perd des choses. Un gant, un châle, et même un Bobby.
On égare le gilet qui ne nous
tenait plus de sa manche.
Une boucle d’oreille rompt avec
l’autre et s’en va, drame ordinaire de voisins qu’on n’a pas entendus se
fâcher. Un bracelet part avec détachement.
Je ne perds rien. Je ne perds
jamais rien.
Je passe en revue mon paquetage
lorsqu’un lieu et moi nous disons au revoir.
Je marche consciente de chaque
détail de ma pesée et de ses valeurs ajoutées.
Mais j’ai toujours cette crainte
qui bat.
Qu’un élément va échapper à ma
vigilance, et tomber de mon corps défendant, et rester là dans le sillage, sans
que je l’entende, sans que son poids me manque, sans que je m’en retourne.
Son absence sera constatée trop
tard.
Cette crainte bat sa plainte.
Car je ne saurais rien du perdu,
de l’abandonné.
Je ne saurais rien de ce qu’il
est advenu de lui. Je ne saurais rien de sa destinée.
Je ne saurais s’il a été
piétiné, s’il a été balayé, s’il a été jeté, si sa fin est proche, si sa fin
est prononçable.
Ou s’il a été recueilli. Lavé.
Brossé.
Si on lui a donné un nouveau
nom. Une nouvelle faction.
Comme pour un chien, la trace
d’un vêtement disparu se perd.
Comme pour un chien, on demeure
ignorant de son futur en notre absence.
Lui seul sait, où qu’il soit.
On perd connaissance, de lui, de
lui sans nous.
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