J’ai regardé “Paper Moon” (de
Bogdanovich) pour la première fois.
Et la fillette, l’héroïne de ce
road movie, porte ce costume incroyable :
Une salopette trop grande, en
denim ; avec une ceinture d’homme façon croco ; et de gros
souliers ; tout ça sur des chemises romantiques. Et pour couronner ce
tout, un chapeau cloche des années 20, sur des cheveux courts.
Elle a 9 ans, elle vient de
perdre sa mère.
C’est fait de bric et de vrac.
On imagine que chaque élément
est arrivé par hasard et sans le sou, entre ses mains d’enfant. Que ce chapeau
devait être à cette maman, tout comme certains objets qu’elle trimballe. Que la
salopette c’est une protection de gosse à la vie dure. Et qu’elle s’est inventée
une manière bien à elle d’assembler tout ce peu.
Le mélange que cela donne, cette
confrontation du féminin du couvre chef et de la blouse, et du masculin du bleu
de travail et des chaussures.
Elle voudrait un instant avoir
l’air plus “fille”, et puis ça ne colle pas, quand elle met des robes et des
nœuds.
Et elle s’en retourne à cet
improbable habit, identitaire.
Elle le revendique “qu’est ce
qu’ils ont à leur reprocher à mes vêtements ! “.
C’est reconnaissable,
identifiable.
Et Addie, devient cette
silhouette. Et cette silhouette devient Addie.
C’est sa caricature. C’est son
uniforme. Qui ne varie que d’un iota ou deux.
Souvent, j’ai été tentée par ce
continu de l’allure. Souvent j’ai eu l’envie de me répéter chaque jour. D’avoir
presque tout en plusieurs exemplaires.
De circonscrire une bonne fois
pour toutes mon contour.
De faire confiance à ma
penderie. D’ôter les doutes du corps à ses réveils.
Mais mon dressing, est comme une
bibliothèque.
Et chaque pendu raconte une
histoire que j’ai désir de raconter.
Un livre, on peut le relire,
mais l’intérêt de l’avoir en double est limité.
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