Une marche. Une marche d’un jour
quotidien.
Une marche qui marche.
Une marche qui ne saisit pas
l’instant d’après.
Cela arrive toujours ainsi,
l’imprévisible.
Et puis cela survient. Dans une
imperceptible lapée de temps,
dans un soudain, et encore sans
crier gare, sans signes courant devant.
Il survient, ce son inhabituel,
mais que l’on reconnaîtrait entre mille, effroyable.
Il est le son de la crainte. De
cette crainte diffuse qui accompagne partout les vêtements, les fidèles.
Ce son désolant de quelque chose
qui cède, une trame qui se fend.
Ce son là, il fait stopper net,
pour conjurer le sort, pour que cela n’empire pas au pas suivant, pour espérer
un peu avoir mal entendu.
L’étape successive est
l’inspection des dégâts. Et il faut alors se rendre,
les mains en l’air, à
l’évidence : que c’est un déchirement, que c’est une déchirure.
Que le tissu est fusé, que c’est
cuit, en lambeaux.
Que cette fois, des reprises et
des pièces apportées n’y changeront rien.
Que ce n’est pas juste un trou, mais que c’est une fin.
Que c’est définitif.
Il faut choisir, devant la
gravité de la situation, entre l’user jusqu’à la corde, ou lui rendre nos
hommages ; et à chacun ses manières.
Et l’assurer qu’on l’a chéri, et
que ses services furent bons et loyaux.
La fringue était des fils, et
redevient des fils. Sa vie ne tenait qu’à un fil.
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