C’est une vitre. Au début c’est
une vitre. C’est justement une vitre.
Et puis on la regarde, mais on
ne la regarde plus de travers, on n’en traverse plus la paroi tel un fantôme
qui a ses dons.
On la regarde en arrêtant son
regard à sa surface, en n’allant pas plus loin.
Et puis ce n’est plus une vitre.
C’est un miroir. Un miroir
trouble mais qui suffit. Où si le regard est tenté par le vertige de l’horizon,
nous disparaissons. Un miroir qui est fugitif, qui pourrait nous fausser
compagnie, à nous et à l’expression que l’on a figée pour l’occasion.
C’est une chose que tous nous
avons commise. C’est un réflexe.
De voler le reflet d’une
fenêtre, et de la monopoliser jusqu’aux bords, pour vérifier si notre visage
est bien en place, si tout y est si rien ne manque.
Si le rouge aux lèvres est
toujours rouge. Si les cils sont toujours bien en rang.
Et d’oublier, pendant cet
épisode de for intérieur en extérieur, que nous n’étions pas chez nous.
Que nous n’étions pas seul avec
notre écho.
Je sortais de chez le coiffeur.
Et il s’imposait de reprendre la main.
C’était trop lisse et ça se
voyait. J’ai trouvé une vitrine qui semblait déserte. Et je me recoiffais. Sans
crainte.
Mais comme dans les cages des
reptiles au zoo, on les croit tapis, et puis on les discerne dans le vert.
Des yeux me regardaient, et je
me recoiffais en plein dans leur mille,
en public. Impudique.
Et leur dérobais leur devanture.
C’est du vol à l’étalage.
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